Le BIM, indispensable pour assurer la maintenance d'un bâtiment

[Interview Forbes] Le BIM, indispensable pour la maintenance du bâtiment

Le secteur du bâtiment est en perpétuelle évolution. Le BIM, procédé de travail de modélisation des données du bâtiment, participe à sa transformation digitale. Depuis une dizaine d’années, Stereograph se spécialise dans le BIM d’exploitation, notamment grâce à sa solution TEIA. Les objectifs sont multiples : accompagner le propriétaire, le locataire et les différents acteurs dans la maintenance du bâtiment, réduire les coûts liés à l’exploitation et générer de meilleures performances énergétiques. Manuel Gomes, président et fondateur de Stereograph, nous explique en quoi le BIM permet d’obtenir une meilleure connaissance du bâtiment.

Pouvez-vous nous rappeler ce qu’est le BIM ?

Manuel Gomes : Auparavant, un bâtiment se construisait de façon classique avec des plans. Des outils ont ensuite amélioré la création et le partage d’informations. Les trois grandes étapes de la vie d’un bâtiment sont la conception, la construction et l’exploitation. Les deux premières s’étendent de 36 à 48 mois et sont régies par des bureaux d’études, des architectes, des intervenants industriels, etc. Autant d’acteurs qui trouvent les moyens de maîtriser et de partager la donnée. La phase d’exploitation est la phase la plus longue. Néanmoins, tous les documents produits ne sont pas forcément utilisés jusqu’à la fin de l’exploitation. Les propriétaires et les locataires défilent, tout comme les personnes qui y interviennent. Par conséquent, plus l’ouvrage vieillit, plus il est difficile d’en assurer la maintenance, car les acteurs du bâtiment connaissent de moins en moins leur patrimoine. BIM est l’acronyme de Building Information Modeling (ou Building Information Management) et désigne un procédé de travail. Il est la résultante de la création d’une maquette numérique 3D, qui est elle-même dotée d’une base d’informations. L’objectif ultime du BIM est de faire en sorte que l’ensemble des métiers du bâtiment travaille autour d’une donnée unique et de qualité. Elle est commune à chaque étape de la construction, pour créer à terme un jumeau numérique, soit une copie du bâtiment physique.

Quels en sont les enjeux ?

Manuel Gomes : Le secteur du bâtiment se confronte désormais à de nombreuses contraintes réglementaires, notamment écologiques. De nouvelles technologies doivent donc être mises en place pour en améliorer les performances énergétiques. Aujourd’hui, nous sommes de plus en plus connectés à un bâtiment, d’où la nécessité pour les acteurs de la maintenance, de bien connaître son histoire. Le BIM s’inscrit parfaitement dans cette transformation digitale, puisqu’il répond à la fois aux besoins de confort économique et de bien-être des occupants.

En quoi votre plateforme TEIA facilite-t-elle la maintenance des bâtiments ?

Manuel Gomes : TEIA joue d’abord un rôle d’hyperviseur, en aidant les utilisateurs à mieux percevoir les différentes données d’un ouvrage à partir d’un modèle 3D. La plateforme répond au besoin opérationnel de chacun. Par exemple, lorsqu’un propriétaire souhaite vérifier la maintenance de ses équipements, un code couleur lui indique si le bâtiment se trouve ou non dans un confort acceptable. De même, un mainteneur peut consulter la fiche technique d’un équipement, en amont ou durant l’intervention. TEIA donne ainsi accès aux données patrimoniales, en affichant par exemple l’emplacement d’une porte, ses caractéristiques et les matériaux qui la composent. L’ensemble des éléments et les changements apportés sont quantifiés et mis à jour depuis la plateforme, créant ainsi numériquement une copie conforme du bâtiment. TEIA fournit donc des indications sur des données statiques, appelées “données froides”, mais aussi sur des données dynamiques, appelées “données chaudes” : températures, ouverture/fermeture de stores, etc. La solution TEIA est dotée de plusieurs outils pour assurer les mises à jour nécessaires des différents types de données.

Solution Teia projet College Oise

L’un des projets de Stereograph est d’accompagner la société SNCF Gares & Connexions dans sa révolution BIM. Pouvez-vous nous en dire plus ?

Manuel Gomes : Un marché public a été lancé en septembre 2019, que nous avons remporté avec notre partenaire Dalkia, filiale du groupe EDF. Il s’agit d’un partenariat d’innovation entre SNCF Gares & Connexions, Dalkia et Stereograph, d’une durée de 12 ans. Dalkia va déployer le produit en fonction des besoins de SNCF Gares & Connexions. Stereograph mettra à disposition sa technologie, tout en l’adaptant aux attentes de SNCF Gares & Connexions. Cette collaboration a pour but de créer un outil révolutionnaire, une plateforme BIM GEM regroupant l’ensemble des données relatives à l’état et aux évolutions des 122 plus grandes gares. Le but ultime étant de déployer cette solution sur les 3 000 gares françaises d’ici 2031.

Selon vous, comment le BIM va-t-il évoluer ?

Manuel Gomes : Le BIM a été lancé il y a plus de 15 ans. Je le résume toujours en trois mots : collaboratif, données et qualité. Il a modifié les méthodes de travail de nombreuses entreprises et leur a mis à disposition un modèle 3D partagé par tous les acteurs du bâtiment. Le BIM concernait dans un premier temps la construction, avec la mise en place de maquettes en 2013-2015, pour permettre à chacun de se familiariser avec ces nouveaux outils. En 2018-2019, des premiers bâtiments sont sortis de terre avec une maquette BIM générée, de plus en plus qualitative et plus facilement exploitable. Les entreprises et maîtres d’ouvrage comprennent aujourd’hui que la donnée doit être gérée, valorisée et donc exploitée. Ce concept n’a cessé de grandir, et je pense qu’il continuera de se déployer dans le monde de la construction, voire de la déconstruction. En effet, si un bâtiment est amené à être détruit, le BIM sera notamment efficace pour se renseigner sur la présence d’amiante ou de matériaux écologiquement dangereux. Plus nous connaissons le patrimoine d’une infrastructure, mieux nous saurons comment le gérer. Selon moi, le besoin va augmenter, les professionnels vont se former et le marché continuera de croître. De plus, les données liées aux maquettes s’avèrent utiles dans de nombreux secteurs : l’immobilier, l’industrie, le ferroviaire…

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